Fabiana de Barros &
Sabrina Fernandez Casas
jeudi 20 mars dès 18h – discussion entre artistes
Fabiana et Sabrina échangeront leur regard de créatrices sur le monde,
leur pratique et leur rencontre chez stratégies obliques.
Coïncidant avec la Journée internationale des droits de la femme, stratégies obliques présente les œuvres récentes de Fabiana de Barros et Sabrina Fernandez Casas. Dès le 8 mars et jusqu’au 5 avril, elles nous invitent à imaginer d’autres mondes possibles.

Détails des oeuvres
Deux femmes, deux générations, trois pays dont la Suisse en trait d’union, des allers-retours, des va-et-vient, des voyages, des souvenirs, des gestes, des techniques, des images qui reviennent, réapparaissent, surgissent, se réactualisent … partir à la rencontre de leur destinée, de leurs histoires, retrouver leurs sources et ressources, ou les découvrir pour la première fois, à nouveau, encore, mesurer, répéter, revisiter.
Plongées dans les images de leur enfance, elles en ressortent des propositions que rien n’assemble mais qui pourtant dialoguent par résonance, comme si d’étranges correspondances – non celles qui concordent ou que l’on s’échange, mais celles qui font échos aux rimes de Baudelaire – entre les « confuses paroles » de Fabiana et les « forêts de symboles » de Sabrina s’amusaient sous nos yeux ébahis à esquisser et amplifier des réalités alternatives, d’autres manières de raconter et de fabriquer pour que le monde d’où nous venons et là où nous allons ne nous déterminent pas.
Respectivement immigrée et fille d’immigrés, chacune à sa manière travaille le geste, se réapproprie des pratiques, les détourne, résiste. Lorsque l’on n’est ni d’ici ni de là-bas, se crée une alternative, comme un troisième lieu, un monde nouveau fait d’histoires mises bout à bout, de souvenirs, d’envies et de rêves. Ce monde est celui de tous les possibles. D’une nouvelle innocence.
Pompéi est une terre brulée, ensevelie par le volcan, fossilisée, infertile, la Galice brûle chaque été, pèle, se mue, est resemencée encore et encore… l’une nourrit les imaginaires par son immobilisme, l’autre produit dans sa destruction même, paradoxe inversé.
Ces images de terres blessées invitent les artistes à la recherche d’autres paysages, à les redessiner, à faire corps différemment avec leurs souvenirs et dans leurs gestes. Il y a quelque chose dans la matérialité de leur pratique, dans l’attention au choix des matières au processus, à la question de la sérialité, aux vestiges. La matrice du moule, de la trame, des écorchures, de la répétition du geste qui créé un pattern invisible, l’amas des objets, qui fait écho chez l’une et l’autre. Amasser ses souvenirs, en retenir quelque chose. Ne pas oublier.
Se pose de soi la question du surgissement, comment se saisissent-elles de ces images qui leur sont revenues ou ne les ont jamais quittées pour en produire de nouvelles ?
Il y a dans les œuvres de Sabrina Fernandez Casas quelque chose de la rédemption, dans l’asservissement ouvrier mis à jour par l’ennoblissement de la fatigue, pratiquée à contre-courant, présentée sur un autel, la brique porte les marques du fer de l’industrie qui persistent et traversent la matière traditionnelle façonnée à la main selon une pratique ancestrale ; y surgit une histoire personnelle intime, précieuse mise à nue, retenue avec pudeur mais aussi une revendication politique assumée, claire, précise et d’autant plus poignante. Les plaques offset quant à elles s’offrent comme autant de palimpsestes qui laissent transparaître les traces de techniques multiples racontant la complexité.
En contrepartie, chez Fabiana de Barros, la pratique du high art est pastichée, dénoncée au deuxième degré autant qu’appropriée, manipulée littéralement puisque retravaillée à la main avec des matériaux industriels eux bien qu’ils répondent à la filiation d’un savoir-faire artistique, principe de coloration, règles de proportion, jeu de composition, esquisses, maquettes, modèles, qui ne laisse rien au hasard. La maîtrise de l’artisan défie un vocabulaire contemporain, et crée aussi une certaine ambivalence. La réappropriation des codes plastiques se met au service d’une syntaxe totalement personnelle qui revisite les images internes de l’artiste, celles de son enfance et d’un paradis à retrouver.
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Fabiana de Barros, Sabrina Casas Fernandez et stratégies obliques… partagent un regard complice et critique sur l’époque, soit de manière directe, volontaire et active, soit de manière plus narrative, poétique et décalée.
Réfléchir et explorer d’autres moyens d’exprimer des idées, des observations, des interrogations, des coups de colères ou des coups de cœur.
Dévoiler des cartes intimes pour y accueillir l’autre et faire naître des espaces imaginaires qui deviennent des miroirs et la résonance d’un passé, d’un ailleurs ; et où apparaît un fil rouge à suivre ensemble.
Un fil traversant plusieurs cultures, époques et manières : entre ici et là-bas, entre inconfort et tiraillement, nostalgie et appropriation, colère et espoir. Des réalités constituées de nombreuses strates, aux couleurs, aux formes et aux matières éclectiques mais aussi complémentaires.
Et, cette expérience, souvent étonnante, est notre chemin.
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Fabiana de Barros est né en 1957. Elle vit et travaille à Genève et Sao Paulo.
Sa pratique s’exprime essentiellement dans les arts contextuels et relationnels, avec des œuvres d’art qui sont généralement activées par la participation du public et portent des implications sociales fortes.
Sabrina Fernández Casas est née en 1988. Elle vit et travaille à Genève.
Son travail artistique porte sur des récits oraux, migratoires et post-industriels. En utilisant diverses stratégies subversives – piratage, distorsion, transformation elle explore la circulation et modes de diffusion de ces savoirs expérientiels, à travers ses œuvres et éditions.
Rencontre avec les artistes lors du vernissage:
samedi 8 et dimanche 9 mars de 11h à 17h
Conversation entre artistes:
jeudi 20 mars dès 18h
Exposition jusqu’au 06.04.25:
mercredi – vendredi 14h -18h
samedi 11h – 15h
et sur rendez-vous